Une découverte archéologique exceptionnelle
Le tapis de Pazyryk a été découvert en 1949 dans la vallée de Pazyryk, située dans les montagnes de l’Altaï, en Sibérie méridionale. Il a été mis au jour par l’archéologue soviétique Sergueï Roudenko, au cours de fouilles de tumulus funéraires appartenant aux Scythes, un peuple nomade de l’Antiquité.
Ce tapis, incroyablement bien conservé, a survécu pendant plus de 2 500 ans grâce au gel du sol dans le tumulus (ou kourgane) qui abritait la tombe d’un noble scythe. La glace a agi comme un conservateur naturel, protégeant les textiles, les objets en bois et même les restes humains.
Description et symbolique
Le tapis de Pazyryk mesure environ 1,83 mètre par 2 mètres et contient environ 360 000 nœuds par mètre carré, ce qui témoigne d’une maîtrise technique remarquable. Il est composé de laine, teinte avec des pigments naturels rouge foncé, jaune, et bleu. La finesse de son tissage rivalise avec celle des tapis orientaux modernes.
Le décor du tapis est richement symbolique :
- Une bordure de griffons et de cerfs stylisés
- Une frise représentant des cavaliers et des chevaux, probablement une référence au monde scythe
- Des motifs floraux et géométriques
Cette iconographie suggère une influence mêlée entre cultures iranienne, perse, et asiatique. Certains chercheurs pensent même qu’il a été réalisé en Perse achéménide, puis importé chez les Scythes.
Origines et mystères
Malgré les nombreuses hypothèses, l’origine exacte du tapis reste débattue. Trois grandes théories coexistent :
- Production locale scythe, avec une grande maîtrise textile inconnue jusqu’alors.
- Origine perse, en lien avec l’empire achéménide qui dominait l’Iran et l’Asie centrale au Ve siècle av. J.-C.
- Tapis de commerce, venant d’une région intermédiaire (Bactriane, Sogdiane).
Quel que soit son lieu de fabrication, ce tapis prouve que l’art du tissage était déjà très développé et raffiné à cette époque.
Un héritage textile
Aujourd’hui, le tapis de Pazyryk est conservé au Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, où il est l’une des pièces maîtresses de la collection. Il est souvent présenté comme le plus ancien exemple de tapis noué au monde, et reste une référence pour les historiens du textile, les artisans et les amateurs de tapis orientaux.
Il incarne un lien précieux entre l’artisanat ancien, la culture nomade, et les échanges interculturels à travers les steppes eurasiatiques.
Conclusion
Le tapis de Pazyryk est bien plus qu’un simple objet décoratif : c’est un témoignage exceptionnel de l’art, du commerce et des croyances d’une époque oubliée. Sa découverte a non seulement enrichi notre connaissance des Scythes, mais elle a aussi démontré la sophistication insoupçonnée des peuples de la steppe.
